Aigle
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L’aigle n’ayant pas d’odorat, sa perception du monde passe donc par l’utilisation d’un système optique d’une étonnante efficacité. Certaines structures spécifiques sont à l’origine de cette dernière.
Comme tous les oiseaux, l’aigle possède des yeux relativement fixes sur leur orbite, désavantage qui est compensé par une grande mobilité au niveau du cou. Ce rapace diurne, avec ses yeux en position frontale et sa capacité de rotation de la tête avoisinant les 270°, a un champ de vision binoculaire quasiment unique parmi le règne animal.
L’œil de l’aigle, dont le globe oculaire est asymétrique, est plus gros que celui de l’homme et de forme tubulaire ou télescopique, ainsi l’image qui se projette sur la rétine se trouve naturellement agrandie exactement comme lorsque l’on recule un projecteur de son écran. Mais cette hyperacuité visuelle n’est efficace que quand la luminosité du milieu est élevée, car la grande profondeur de l’œil assombrit l’image formée sur la rétine .
Le peigne, prolongement dans le vitré du nerf optique au fond de l’œil de l’oiseau, semble remplir une fonction d’anti-éblouissement. En effet, la pigmentation de ce peigne évite les reflets dans la chambre noire de l’œil, mais cet organe, par sa forte vascularisation peut aussi permettre d’ajuster la pression entre l’humeur aqueuse et le vitré, lors des modifications résultant de l’accommodation.
La cornée et l’iris, très développés chez l’aigle, prennent une place importante dans le processus d’accommodation. Tout d’abord, la cornée présente un angle d’ouverture d’environ 85° et peut en outre, par modification de sa courbure, aboutir à une accommodation très précise. D’autre part, l’iris qui présente une coloration jaune-orangée qui varie avec le nombre de pigments caroténoïdes présents dans les mélanoblastes, est supposé jouer un rôle dans l’accommodation.
La vision des couleurs est modifiée chez l’aigle par la présence de petites boules rouges, orangées et jaunes(comme on peut le voir sur la photo agrandie qui suit) qui font ressortir les couleurs chaudes du spectre et éteignent les couleurs froides. De petits mouvements de la tête permettent de repérer un objet avec ces différentes boules polychromatiques et donc de bien discerner les détails. L’oiseau par cette spécificité biologique, parvient donc à distinguer de petites proies immobiles ou mimétisantes, en accentuant les contrastes entre l’animal et le fond.
Par ailleurs, il est probable que l’aigle soit sensible à une gamme de couleurs supérieure à celle de l’homme, avec une sensibilité aux infrarouges afin de détecter efficacement ses proies ou des traces de celles-ci (ex : suivre une piste d’urine dans ces longueurs d’onde et arriver jusqu’à son auteur).
La fovéa, qui constitue la zone la plus sensible de la rétine, est formée des cellules bipolaires et des photorécepteurs. Cette partie sensible de la rétine de l’aigle comporte cinq fois plus de cellules que chez l’homme. On retrouve chez notre rapace diurne, deux fovéas :
Cette complémentarité des deux fovéas permet à l’aigle d’avoir un facteur d’agrandissement (allant de quatre à huit) de l’image au niveau de la fovéa temporale.
Ce guidage extrêmement précis couplé avec une très rapide intégration au niveau cérébral est nécessaire pour l’approche et la capture de la proie de l’aigle.
Dans les divers paragraphes précédents, on a évoqué le phénomène d’accommodation qui est défini comme étant le processus par lequel la puissance de réfraction du cristallin augmente pour faire dévier les rayons lumineux divergents et faire concorder le plan focal avec la surface de la rétine (c’est à dire là où l’image est nette). L’accommodation intervient donc quand un objet se rapproche de l’œil pour conserver une image nette.
L’aigle montre un facteur de 2,5 environ entre son acuité visuelle et la nôtre. De plus l’aigle peut distinguer en vol un petit mammifère de 16 cm à 1500 m d’altitude.